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Un Défi des ancêtres à la saveur Fillactive

13-12-2023

Je m’appelle Élisabeth Lagacé, Éli pour les intimes. Je suis conseillère aux programmes chez Fillactive depuis un an. Dans une autre vie, j’ai été prof d’éducation physique. Être active entre ami·es est un de mes plus grands plaisirs.

Après ma première visite en août dernier en territoire autochtone à Opitciwan et Mashteuiatsh avec le Défi des ancêtres, l’équipe du Conseil en Éducation des Premières Nations (CEPN) m’a proposé de répéter l’expérience à l’automne, mais en prévoyant une nouveauté : un moment aux couleurs Fillactive pour les filles du secondaire. Fidèle à mes habitudes, j’ai tout de suite dit oui!

P.S. Si vous avez manqué la première partie de mon aventure, c’est juste ici!

En soi, l’initiative du CEPN est géniale : une structure de course à obstacles qui se promène de communauté en communauté pour proposer à TOUS les jeunes des défis physiques à la hauteur de leurs capacités. Par contre, lors de ma première visite, j'avais remarqué que les filles du secondaire se faisaient plutôt rares. Solution rapide pour mon cerveau de conseillère aux programmes : pourquoi ne pas saupoudrer un peu d’étincelles Fillactive sur la formule du Défi des ancêtres… Défi accepté!

Réflexions et propositions

En septembre, pendant que l’équipe du CEPN continuait de faire vivre des moments magiques aux communautés de Winneway, Pikogan, Rapid Lake, Kitcisakik, Kitigan Zibi, Kanesatake, Gesgapegiag et Listuguj, j’ai cogité avec David Gill, coordonnateur du Défi des ancêtres et des Jeux interscolaires du CEPN, sur une formule qui pourrait plaire aux adolescentes de Manawan.

La première évidence c’était qu’il fallait offrir des plages horaires lors desquelles les filles allaient pouvoir être entre elles. Avec la collaboration de l’équipe-école, on a donc formé trois groupes de filles d’âge semblable. On n’avait toutefois aucune idée du nombre de filles qui allaient réellement participer à l’activité.

La deuxième évidence c’était qu’il fallait retirer le chronomètre pour évincer le volet compétitif et comparatif du Défi. Par contre, en enlevant l’objectif terminal, soit de franchir les obstacles le plus rapidement possible, il fallait trouver une autre manière de motiver les filles à s’engager et à compléter le parcours… Et si on sortait la carte du travail d’équipe?! La portion sociale est, d’ailleurs, un moteur incontesté pour motiver les filles à pratiquer des activités physiques et sportives. Quoi de mieux que de passer d’un obstacle à l’autre en rigolant avec sa meilleure amie!

En route vers Manawan!

Mon auto était pleine à craquer! J’avais du matériel sportif à profusion (cônes, bâtons et balles de crosse, échelles d’agilité, etc.) et quelques 600 t-shirts Fillactive à donner aux filles qui allaient participer à l’activité. J’étais prête à toutes éventualités!

Sur la route, le paysage automnal était tout simplement ma-gni-fi-que! 248 km de wow sur les routes 329, 125, 347 et 131 (bingo!), avec, quand même, quelques petits moments raboteux sur le chemin de gravel menant à Manawan. Comme Opitciwan, Manawan est une communauté Atikamekw située au cœur d’une forêt presque vierge.

L’expérience des filles sur le terrain

Le lundi, l’équipe du CEPN (David, Marco, Alex et un nouveau David) et moi avons monté les structures à obstacles en un temps record. Aussitôt le montage terminé, les élèves de l’école primaire ont afflué pour tenter de nous montrer ce qu’ils étaient capables de faire. Le mardi leur était réservé, à leur plus grand bonheur. On a entendu une multitude de « Je viens le faire encore! » et de « Je suis capable! ». Ça promettait alors pour les groupes du secondaire le lendemain!


Le mercredi avant-midi était réservé à nos trois groupes de filles du secondaire. On s’est donc levé·e·s un peu fébriles en espérant que la météo allait être de notre côté. En arrivant sur le site, on a vu un épais brouillard qui nous laissait présager qu’on n’aurait pas de canicule en ce 18 octobre. Donc, pas chaud, mais pas de pluie à l’horizon. Fiou!

Il ne restait plus qu’à aller chercher les filles à l’école secondaire Otapi située en haut de la côte. À trois reprises, nous avons franchi les 850 mètres bien à pic qui nous séparaient de l'école pour aller chercher un groupe de filles! Ce souci de distance entre l’école et les installations du Défi aurait pu être un frein à la participation des filles, mais on a été capable de diminuer au maximum son impact sur le succès de l’activité. Premier morceau de robot ;)


Sur place : musique festive et équipe d’animation emballée les attendaient. L’objectif était de mettre en place une ambiance accueillante et invitante. Les filles pouvaient faire le parcours en équipe de 2, 3, 4 ou 5, passer les obstacles qui ne les intéressaient pas et recommencer ceux qu’elles préféraient.

Quelques chiffres

Au total, 74 adolescentes se sont déplacées sur le site du Défi des ancêtres. C’est avec fierté et émotion qu’on peut affirmer qu’elles ont TOUTES essayé le parcours. Oui oui, le taux de participation a été de 100 %! Certain·es enseignant·es étaient même étonné·es d’apprendre que leurs élèves avaient bel et bien participé à l’activité. Et, quel a été notre bonheur de revoir 9 d’entre elles revenir un peu plus tard pour tenter leur chance dans le parcours chronométré. Elles nous ont par contre demandé de pouvoir compléter le parcours avant l’arrivée de toute l’école (dont les garçons!). Un ajustement simple qui a permis à ces filles de se dépasser, une autre fois, et d’être encore plus fières d’elles!

Au final, les filles sont toutes parties avec un sourire aux lèvres et une médaille de participation au cou. Certaines se sont trouvées fortes, d’autres agiles et d’autres un peu maladroites, mais tout ce qui compte, c’est qu’elles gardent un souvenir positif de ce moment partagé!

« Je suis très fière de moi. Je ne pensais pas aimer l’activité, mais je suis contente d’être venue parce que je me suis trouvée bonne! » - Miley, élève du secondaire.

En conclusion, on remarque que 65 filles n'étaient pas intéressées par le volet compétitif de cette activité, ce qui représente 87 % d'entre elles, et qu’elles se sont amusées dans un moment en l'absence des garçons. Comme nous l’a mentionné Jaimie, psychoéducatrice, « Ça a convaincu les filles de participer de savoir que c’était une activité juste pour elles ».

Ces personnes qui font une différence

Un gros mikwetc à :

  • M. Sakay, directeur de l’école Otapi, qui a été ouvert à l’approche et qui nous a permis d’offrir une activité juste pour filles.

  • M. Jacques, directeur-adjoint, qui a fait l’appel des filles à l’intercom pour les 3 périodes afin de s’assurer qu’elles ne manquent pas leur chance de participer.

  • Aux enseignant·es de l’école secondaire Otapi qui ont ajusté leur horaire pour nous permettre d’offrir cette activité aux filles.
    Julie, infirmière de l’école, qui était sur place pour traiter tous les petits bobos.

  • David Gill, coordonnateur du Défi des ancêtres, qui a voulu essayer cette formule (presque magique 😉) avec les filles de Manawan. Des apprentissages précieux pour les deux partis!

C’est ainsi que la tournée 2023 du Défi des ancêtres se termine! Je me sens très choyée et privilégiée d’avoir vécu cette aventure en deux phases avec l’équipe de CEPN! J’espère que nous pourrons refaire ce type de projet dans un futur plus que proche!

Merci à notre partenaire Manuvie qui est engagé dans le développement des saines habitudes de vie, pour le bien-être et la santé de chacun. Par leur appui, nous sommes en mesure de continuer à proposer l'approche Fillactive aux communautés autochtones.